La Basketball Africa League (BAL) s’est frayé naturellement un chemin dans l’agenda sportif mondial. Elle attise toutes les convoitises, d’où le nombre croissant de clubs engagés dans les éliminatoires, chaque année. Les 12 équipes qualifiées pour la phase finale ne représentent qu’une infirme partie de la forte demande. La BAL est un vecteur d’autonomisation de l’Afrique à travers le sport. Son impact est aujourd’hui visible dans tous les secteurs, surtout économique et touristique. La mise en place d’infrastructures sportives par les États pourrait accélérer son expansion au fil des années.
Lancée en 2021 en pleine pandémie de Covid-19, la Basketball Africa League fait son bonhomme de chemin. Elle a changé drastiquement l’image du continent dans les domaines sportif, culturel, évènementiel, économique, touristique, entre autres… En 2021, la Ligue a démontré ses capacités de résilience pendant que beaucoup d’organisations ont annulé ou repoussé leurs compétitions.
Sortie de la bulle, elle fait avec les restrictions imposées sur le plan mondial pour organiser ses deux premières Conférences Sahara et Nil. L’édition 2023 se fait aussi en 3 étapes : Conférences Sahara et Nil, les Finals 8 au Rwanda. La Ligue suscite l’intérêt de tous les férus de basketball, l’entertainment et le monde du business. L’édition 2024 est sans doute la plus innovante avec la naissance de la Conférence Kalahari à la SunBet Arena de Pretoria. Le choix est justifié car l’Afrique du Sud a toujours accueilli les activités de la NBA : Basketball Without Borders, les NBA Africa Games, sans oublier les bureaux de la NBA Africa, ouverts en 2010.
Le « bébé » BAL a beaucoup poussé…
Diffusée dans plus de 200 pays et dans 117 langues, la Basketball Africa League offre plus que du basket. C’est un rendez-vous d’échanges entre acteurs culturels, de la mode, de l’artisanat, du tourisme, de l’entreprenariat, des affaires, entre autres secteurs vitaux de l’économie africaine. Les férus de basket découvrent une autre manière d’organiser des évènements sportifs. Ils affluent dans les stades malgré les restrictions pour vivre le spectacle sur et en dehors des parquets. L’objectif est de créer une véritable industrie du sport.
Pour la Saison 5, la BAL dépose ses baluchons à Rabat qui accueille la Conférence Kalahari. La capitale marocaine remplace le Caire dans la nomenclature. Mais c’est juste le prolongement du programme initial, chamboulé par le COVID-19. « Le Maroc a toujours été une priorité pour nous. Nous avions eu une participation de l’AS Salé durant les deux premières éditions de la BAL. En 2020, nous avions prévu de jouer au Maroc mais le Covid-19 a changé les plans et nous avions repoussé l’échéance. C’est un grand pays avec une forte culture du sport. Évidemment, il y a les infrastructures sportives et une ligue de basket connue. Le FUS de Rabat a pris part à la Saison 4 et va enchaîner une 2ème participation de suite en 2025. L’objectif est d’étendre le rayon et de voir plus de pays prendre part à nos compétitions. En plus, le Maroc est facile d’accès et il a une compagnie aérienne qui dessert presque partout. Donc, il y aura moins de difficultés pour faire déplacer les équipes », indiquait Amadou Gallo Fall, lors de l’annonce des villes hôtes en novembre dernier.
Pourvoyeuse de talents
En quatre ans, la Ligue a largement contribué au rayonnement du basket africain. Les clubs bataillent ferme pour se qualifier chaque saison. Les équipes se professionnalisent un peu plus même si les moyens ne suivent pas tout le temps. Mais il y a une nouvelle perception du basket et des évènements pouvant participer à son essor. Sur le plan local, le niveau des championnats se développe avec l’arrivée de joueurs ou techniciens internationaux toutes nationalités confondues.
Les joueurs africains monnayent leur talent sur le continent. L’Europe n’est plus une obsession. Jean-Jacques Boissy, Abdoulaye Harouna Amadou, Nisré Mimi Zouzoua, Lual Acuil, Mike Fofana, Anas Mahmoud, William Kiah Perry, Ater Majok et Souleyman Diabaté sont autant de joueurs qui se frottent sur les différents marchés de la BAL. Grâce à la BAL, plusieurs sélections africaines ont aujourd’hui la possibilité d’avoir des joueurs locaux compétitifs. Mieux, d’anciens joueurs de la BAL sont aujourd’hui draftés en NBA. On peut citer Ulrich Chomche qui a joué sous les couleurs des Forces Armées et Police (2022) et Rwanda Energy Group (2023). Il est issu du programme BAL Elevate comme Khaman Maluach. Ce dernier devait faire son entrée en NBA la saison prochaine.
Tout le monde y trouve son compte
La BAL apporte aussi à l’économie et au tourisme des pays qui accueillent les matchs. Ce sont des centaines de touristes qui se déplacent pour suivre les compétitions. En 2023, une étude avait révélé plus de 3 milliards de francs injectés dans l’économie sénégalaise après la tenue de la Conférence Sahara. Amadou Gallo Fall est le plus grand créateur d’emplois en Afrique. Des centaines de personnes interviennent directement ou indirectement chaque saison dans l’organisation de la BAL et dans plusieurs secteurs : le transport, la logistique, le marketing, la communication, la restauration, les biens et services, etc. Les petits commerces aussi sont impactés par les activités de la Ligue.
La Ligue, c’est aussi la création de terrains de basket, la formation des cadres techniques et administres et la formation des arbitres. La BAL fait du leadership féminin une priorité. Le programme BAL4her permet aux femmes de s’affirmer, de sortir de leur bulle, d’exposer leurs idées, et de prendre conscience de leurs potentialités. La Ligue africaine réfléchit aussi sur le futur de l’Afrique avec le Sommet de l’Innovation qui regroupe des sommités dans tous les domaines de la vie active.
Quelle organisation en Afrique fait plus que la BAL en termes d’employabilité, innovation, réalisation et lutte contre les inégalités sociales ? Toutefois, l’expansion de la Ligue est ralentie par le manque d’infrastructures sportives dans quelques pays, preuve du manque de volonté des États. L’expansion pourrait être plus importante si des efforts sont faits en ce sens. L’objectif est de bâtir l’une des meilleures ligues de basket au monde après la NBA.
Aby KÉBÉ