En conférence de presse d’avant-match, le sélectionneur des Étalons, Kalou Malo, a fait le point de la préparation de leur demi-finale contre le Sénégal. Le technicien a aussi évoqué le rôle de Bertrand Traoré. Kalou Malo demande par ailleurs plus de considération pour les techniciens africains.
État d’esprit du groupe
«Je pense que j’ai atteint mes objectifs. Quand je dis cela, je vise simplement le contrat que j’ai sous les mains. Mais, en tant que compétiteur, à ce niveau de la compétition, on ne doit plus se fixer de limite. Nous sommes dans le même objectif que le peuple du Burkina, c’est de gagner ce trophée. On ne vient pas en compétition juste pour se limiter. Il y a des bases qui ont été fixées par l’employeur. C’est de ça dont je parle. Quand il s’agit de mon envie d’aller au bout de la compétition, je le veux bien. Nous sommes décidés à vendre chèrement notre peau pour aller au bout de cette compétition. Nous avons dédié cette qualification à notre peuple qui traverse des remous politiques. Depuis quelques années, nous sommes confronter à ce terrorisme qui ne cesse d’endeuiller quotidiennement notre peuple. Alors nous nous sommes fixés comme objectif de donner un brin de sourire à notre peuple, mais tant qu’il y a espoir, il y a vie. Si nous pouvons de notre part donner de l’espoir à notre peuple, nous le ferons. Nous n’allons pas marchander les efforts pour rendre notre peuple heureux. Les évènements constituent un supplément de motivation pour nous. Nous savons ce que nous allons faire sera retenu par nos populations. On me demande déjà le trophée, alors nous aurons à cœur d’offrir la coupe tant que nous pouvons à notre peuple».
Arguments pour battre le Sénégal
«Dans un premier temps, il faut être soi-même. Nous n’allons pas changer notre identité parce que nous allons affronter le Sénégal. Nous savions déjà que le Sénégal est une grosse armada. Et c’est l’une des meilleures équipes du football sur le plan africain. Mais quand vous allez jouer une telle équipe, l’essentiel est de rester vous-même. On ne va pas venir à ce match avec une image qui n’est pas la nôtre. Nous allons garder notre identité de jeu. La jeunesse de notre effectif peut être une arme supplémentaire mais aussi une suffisance. Dans la gestion des émotions au cours d’un match, notre équipe montre souvent deux visages. Je pense qu’on est encore très court dans la gestion des émotions. On continue à travailler dans ce sens et gagner en maturité. Je ne pourrai pas vous répondre par l’affirmative parce que le football est constitué d’erreurs. Les grands joueurs dans ce domaine commettent des erreurs. Nous allons travailler à minimiser ces erreurs. Personne ne peut garantir que nous allons jouer ce match sans faire des erreurs. Nous avons de jeunes joueurs et parfois ça passe par des émotions. Et cela peut tétaniser les garçons. Mais, depuis le début de la compétition, et au fur et à mesure que nous avançons de la compétition, les jeunes joueurs gagnent en expérience. Ils commencent à appréhender tout ce qui est émotionnel autour de la de cette compétition. À ce niveau, nous n’avons pas plus peur que l’adversaire du jour. Bien qu’ils soient très outillés, ils commettent également des erreurs».
Bertrand Traoré
«Je compte naturellement sur Bertrand Traoré parce que c’est le leader technique et capitaine de l’équipe. Quand les gens posent des débats, je pense que c’est un faux problème. J’ai beaucoup de respect pour ce garçon et son parcours en sélection. Il évolue dans le championnat le plus difficile et relevé au monde. Avoir un tel joueur et ne pas compter sur lui, je crois que c’est un peu jouer à la magie. Je ne dis pas que sans Bertrand notre équipe nationale ne joue pas. C’est faux. Dans notre équipe, nul n’est indispensable. Il n’y a que des joueurs utiles. On n’a pas encore aligné notre équipe-type depuis le début du tournoi. Mais je pense qu’on a un bon groupe de 28 joueurs qui vivent bien. Ils sont capables de remplir le contrat assigné. Il faut que les gens arrêtent d’imager notre sélection nationale parce qu’il y a Bertrand. C’est un jeune joueur. Il joue depuis longtemps mais c’est encore un jeune joueur. Tant qu’il est en jambes, il va jouer. J’ai confiance en lui. On compte sur lui. Ceux qui ne sont pas proches peuvent émettre des commentaires. On a vu des grands traverser la CAN comme une cour de récréation. Et les gens n’en parlent pas. Je pense que Bertrand a l’opportunité de faire une bonne demi-finale et, pourquoi pas, une finale».
Match avec Cissé
«C’est une occasion de rendre hommage à Aliou Cissé. C’est un devancier dans ce cercle très fermé de techniciens africains qui sont arrivés à ce niveau. J’ai beaucoup de respect pour lui. Aliou Cissé et moi avons le même combat pour beaucoup de visibilité pour les coachs africains. Il n’y a pas longtemps, chaque pays allait chercher son «sorcier», je ne vais pas prononcer de couleur. C’est pour vous dire que nous avons faim et pour que nous puissions atteindre nos objectifs, il faut que les dirigeants africains fassent confiance à cette expertise africaine et surtout à cet accompagnement. Les autres se sont développés à tel point qu’ils viennent nous envahir. Donc, il faut nous permettre de nous développer».
Source : RECORD